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Édito : Associations – l’engagement citoyen mis à l’épreuve. Un appel à la reconnaissance et au soutien !

Un maillage essentiel à l’intérêt général et au bien commun

On les croise tous les jours sans forcément les voir. Les associations sont ces acteurs du quotidien qui soutiennent, écoutent, soignent, animent, accompagnent, alertent, éveillent. Ce sontdes crèches, des maisons médicales, des organisations de jeunesse, des services d’aide à domicile, des initiatives locales d’intégration, des structures culturelles et bien d’autres. Elles agissent là où ni les sociétés privées, ni l’État ne peuvent seuls répondre aux besoins de la population.

En 2025, la CODEF rassemble 605 ASBL actives dans ces secteurs. Ce n’est pas un chiffre abstrait. Ce sont 6 681 travailleurs qui œuvrent chaque jour à améliorer la vie d’autrui. C’est une armée de proximité, faite d’écoute, d’accompagnement, de soins, de lien et de solidarité.

Mais ce maillage repose aussi sur des citoyennes et citoyens qui s’engagent bénévolement, hors de toute logique de profit. 4 564 bénévoles de terrain viennent chaque jour épauler les travailleurs, assurer une présence, un soutien, une animation, une écoute. Et 4 386 administrateurs assument la responsabilité juridique, stratégique et financière de ces ASBL. Gratuitement. Avec sérieux. Avec rigueur.

Ce sont près de 15 631 personnes engagées chez les membres de la CODEF. Cela vaut qu’on s’y arrête. Non, les associations ne sont pas des « profiteurs » : la preuve par les chiffres.

Dans le débat public, un discours insidieux gagne du terrain, celui qui présente les associations comme des « profiteuses », des « structures toutes subventionnées », ce qui n’est pas le cas, qui vivraient aux crochets de l’État et donc des citoyens. Ce procès en légitimité, souvent fondé sur des raccourcis ou des méconnaissances, est non seulement injuste, mais aussi dangereux.
Nous répondons à cette suspicion par les faits. Pour chaque euro public investi, les ASBL génèrent une valeur sociale, économique et humaine bien supérieure à ce que l’on peut imaginer. Et pour cause :
  • À côté de chaque travailleur, on trouve plus d’un bénévole ou un administrateur qui s’implique gratuitement ;
  • Nos administrateurs assument des responsabilités lourdes, souvent similaires à celles des administrateurs dans le secteur « privé », mais sans jetons de présence ni primes ;
  • Les bénévoles et administrateurs ne se substituent pas à l’emploi, ils le complètent, le soutiennent, le rendent possible.
Ce tissu associatif, structuré mais souple, encadré mais profondément libre, est l’un des rares espaces où l’engagement citoyen peut se traduire concrètement, de façon durable, dans un cadre collectif.

Un modèle démocratique en danger

Les associations ne sont pas des entreprises commerciales. Elles ne poursuivent pas de but lucratif. Elles ne cherchent pas à accumuler des bénéfices. Elles visent la transformation sociale, l’émancipation des personnes, le progrès humain. Cela implique une gouvernance collégiale, une logique de transparence, une obligation de désintéressement.
Mais aujourd’hui, ce modèle est mis à mal :
  • Les exigences administratives ne cessent de croître, sans moyens humains supplémentaires pour y répondre ;
  • L’inflation fait exploser les coûts fixes : loyers, charges, indexations, assurances, etc. ;
  • Les pouvoirs publics, régionaux, fédéraux, locaux, tardent à reconduire les subventions ou les modulent à la baisse voire les suppriment purement et simplement, sans égard pour les réalités de terrain et les citoyens et citoyennes qui en dépendent.
Or, une démocratie vivante a besoin d’un tissu associatif solide. Fragiliser les associations, c’est fragiliser la capacité des citoyens à s’organiser, à s’exprimer, à innover, à résister à l’isolement, à la précarité, au désespoir.

Les associations doivent rester des partenaires de l’action publique, pas des variables d’ajustement budgétaire

L’État seul ne peut répondre à tous les défis sociaux. Il en est de même pour le marché économique. L’histoire nous a appris que lorsque les services à la personne deviennent des produits, les inégalités s’aggravent.
Les associations comblent ce vide. Elles expérimentent. Elles innovent. Elles osent. Elles sont des partenaires essentiels de l’action publique, pas des concurrents ni des supplétifs.
Mais pour que cette alliance fonctionne, il faut du respect. Cela signifie :
  • Une confiance réciproque entre pouvoirs publics et monde associatif ;
  • Une stabilité financière, qui permette aux structures de se projeter, de planifier, d’évaluer ;
  • Une concertation réelle dans les processus de réforme et de refonte réglementaire.
Ce n’est qu’à ces conditions que nous pourrons continuer à offrir un service humain, ancré, adapté et accessible.

Un appel à la reconnaissance, à l’investissement et à l’engagement politique

Ce que nous défendons ici, ce n’est pas un privilège. C’est une reconnaissance de ce qui est.
Reconnaissance du rôle structurant des associations dans nos sociétés. Reconnaissance de l’engagement des milliers de volontaires, souvent invisibles, toujours indispensables. Reconnaissance de la valeur sociale créée au quotidien, loin des projecteurs, mais au plus près des personnes.
Nous demandons un investissement politique, clair et durable, pour :
  • Soutenir l’emploi associatif ;
  • Sécuriser le bénévolat et la gouvernance volontaire ;
  • Alléger les contraintes administratives sans sacrifier la transparence ;
  • Reconnaître dans les faits ce que les discours saluent trop souvent du bout des lèvres.

Les associations sont le miroir de notre démocratie

Dans une époque marquée par la défiance, la fatigue démocratique et le repli sur soi, les associations sont un espace de respiration collective. Elles incarnent ce que la société peut produire de plus noble : l’engagement gratuit au service des autres.
Refuser de les soutenir, c’est refuser cette part de démocratie vivante. Les renforcer, c’est faire le pari du collectif, de l’inclusion, de la justice sociale.
Il est temps de choisir. Et ce choix, plus que budgétaire, est fondamentalement politique.