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Les associations moins pessimistes quant à leurs finances, mais le secteur reste fragile

De manière générale, en Belgique, les associations ont une vision un peu moins pessimiste de leur santé financière, mais toutes ne sont pas hors de danger et beaucoup fonctionnent avec des réserves financières (très) limitées. Les subsides publics – de plus en plus souvent liés à des projets – restent de loin la principale source de revenus, même si la part des revenus commerciaux augmente pour une partie des associations. C’est ce qui ressort de l’étude réalisée à la demande de la Fondation Roi Baudouin.

Un monde associatif fort est indispensable à un tissu démocratique sain. En tant qu’employeur, il a aussi une valeur économique. Autant de raisons pour lesquelles la Fondation Roi Baudouin suit de près son évolution. À sa demande, Ipsos et Idea Consult ont mené une étude quantitative et qualitative pour sonder la santé financière du secteur associatif. Pour ce faire, ils se sont basés sur des données de la Banque nationale et de l’ONSS (chiffres 2017), ainsi que sur 700 enquêtes et interviews (septembre – décembre 2018). Il s’agit de la huitième édition de cette étude.

Un peu moins pessimistes

  • De manière générale, en Belgique, les associations sont un peu moins pessimistes quant à leur situation financière que lors de la précédente enquête réalisée en 2016. 81% d’entre elles estiment que leur situation financière est restée stable ou s’est améliorée au cours des douze derniers mois (contre 73% en 2016). Et pour la première fois depuis 2012, elles sont plus nombreuses à avoir vu une amélioration (22%) qu’une détérioration (19%) de leur situation financière.
  • Le nombre d’associations qui connaissent des problèmes financiers a diminué, mais est encore de 12% (contre 18% en 2016).
  • Ce sont surtout les associations actives dans les secteurs social et de la santé qui redoutent une détérioration de leur situation financière au cours des douze prochains mois.
  • 64% des associations ont des réserves, mais celles-ci sont limitées. 23% seulement pourraient tenir le coup plus de six mois en cas de perte subite de revenus. La situation est moins aiguë en Flandre, où 79% des associations disposent d’un matelas financier (même si c’est parfois pour trois mois au maximum). C’est nettement moins le cas en Région wallonne (48% ont des réserves) et à Bruxelles (49%). Seules 57% des petites associations disposent de réserves contre 83% des très grandes associations.
  • 74% des associations (pour la plupart, de grande taille) qui ont déposé leurs comptes annuels à la Banque nationale ont connu en 2017 une hausse de leurs revenus (61% en 2015). Les associations wallonnes réalisent la plus grande progression : 75% ont vu leurs revenus augmenter contre 56% en 2015. Ces chiffres sont respectivement de 66% en 2015 et 78% en 2017 pour les associations flamandes, et de 59% en 2015 et 65% en 2017 pour les associations bruxelloises.
  • 12 % des associations ont dû licencier du personnel en raison de leur situation financière, ce qui est moins qu’en 2014 (24%). 10.688 des 109.930 associations et fondations actives dans notre pays (fin 2017) occupent du personnel, ce qui représente 329.642 emplois au total.

Les pouvoirs publics restent la principale source de revenus 

Les subsides publics restent la principale source de revenus des associations : 82% en bénéficient. Ces subsides constituent 58% des revenus totaux des organisations qui s’adressent aux pouvoirs publics. Mais pour beaucoup d’associations, ils ne représentent plus une source de financement aussi sûre qu’autrefois. Elles constatent aussi qu’il est devenu plus difficile d’obtenir un financement structurel parce que les pouvoirs publics n’augmentent pas les budgets disponibles et les morcèlent davantage.
Par ailleurs, de nombreuses associations ont le sentiment que les pouvoirs publics octroient de plus en plus de subsides liés à des projets plutôt que des financements structurels. Ces subsides s’accompagnent d’un plus grand contrôle de la qualité et des résultats du projet. Ils incitent aussi les associations à faire preuve d’innovation. Mais la médaille a aussi son revers : les projets sont moins durables parce que leur ‘moteur’ s’arrête dès la fin du subside. En outre, les associations risquent de s’écarter de leur mission sociale pour rentrer dans le cadre des pouvoirs subsidiants. Cela peut représenter un danger pour leur indépendance et pour la diversité du secteur.

Revenus commerciaux

30 % des associations complètent les aides publiques par des activités génératrices de revenus, comme la vente de biens ou de services, par exemple du coaching. C’est autant qu’en 2014. Mais les associations qui développent ce genre d’activités recourent davantage à cette source de revenus : 29% ont vu ces revenus augmenter et 53% estiment qu’ils sont restés stables.

Incertitudes liées à la réforme du droit des sociétés et des associations

Les associations cherchent encore à s’y retrouver dans la vaste réforme du droit des sociétés et des associations : 47% disent ne pas être suffisamment informées de la réforme et de son impact – ce sont surtout les petites associations qui ont du mal à en évaluer les conséquences. Il s’agit pourtant d’une réforme en profondeur : les asbl peuvent désormais être déclarées en faillite et être appelées à comparaître en tant qu’entreprises devant le tribunal de l’entreprise (et non plus le tribunal de première instance ou le tribunal du commerce). Elles pourront aussi retirer de manière illimitée des revenus d’activités économiques (14% y voient des opportunités) et relèveront de la responsabilité générale des administrateurs (la responsabilité solidaire des administrateurs d’asbl pourra être invoquée en cas de faute). Cette réforme est néanmoins une source d’incertitudes en ce qui concerne le droit fiscal (les associations seront-elles soumises à l’impôt des sociétés ?) et la politique de subsides (comment la concilier avec des activités économiques ?).

Source : Communiqué de presse de la Fondation Roi Baudouin également consultable sur son site internet